22 juin 2016, un décret signé du Président de la République constate et reconnaît officiellement la désignation par voie coutumière de Monsieur Kossi Kossivi, sous le nom de trône de Togbui Kossivi Kossi-Zavon Modjro IV, en qualité de chef canton de Kovié dans la préfecture du Zio. Les litiges qu’engendre la chefferie traditionnelle au Togo sont très bien connus de tous, il n’en fallait pas plus que ce décret présidentiel pour déchaîner à Kovié des protestations de divers camps qui réclameraient chacun la légitimité du trône.
Depuis 2009, après la mort de Togbui Adjonyoh Koffi Siabi III, chef canton de Kovié, la succession draine moult conflits aux divers rebondissements. Hormis le clan Siabi qui présume être le détenteur originel du trône royal, deux autres clans réclament ce trône. La tension, aujourd’hui, entre ces différents clans, a monté d’un cran après le décret du 22 juin. Les uns et les autres s’apprêteraient à foutre le bordel le jour de la remise officielle par l’autorité compétente du décret de reconnaissance officielle au nouveau chef canton. ‘’Nous n’accepterons pas du tout cette injustice, cela ne s’est jamais passé dans ce canton depuis que je suis né’’ crache un chef de village de Kovié qui a préféré garder l’anonymat.
« La reconnaissance de Togbui Kossivi Kossi-Zavon Modjro IV comme chef canton de Kovié alors que le canton n’a jamais connu un chef canton Mondjro I ni II ou III officiellement nous pose un sérieux problème», fustige-t-il. Mais une autre tête couronnée, qui a également requis l’anonymat, s’inscrit en faux contre une telle perception des choses.
« Il y a eu sur le trône Modjro-Zavon I et II, et puis Siabi-Adjonyoh III, tous du même trône et de la même maison. Donc la suite ne peut être que IV, d’où le nom de trône Togbui Kossivi Kossi-Zavon Modjro IV. Et tenez-vous bien, c’est toujours de la même maison. Il n’y a pas mieux que l’administration territoriale pour maîtriser une telle chronologie », explique-t-il. De source proche du ministère, l’autorité a pris le temps qu’il faut pour écouter, recouper et investiguer afin d’aplanir toutes les divergences, et toutes les procédures coutumières ont été observées. Du côté du Conseil des chefs du canton de Kovié dirigé par Togbui Kpakpaki, aucune contestation n’est justifiable dans cette affaire, toutes les procédures étant respectées.
Les contestataires pointent du doigt le mauvais rôle du préfet du Zio. Un certain camp accuse des cadres du milieu, pour une quelconque implication dans la nomination du nouveau chef. Nos recoupements ne nous permettent pas d’établir les faits reprochés à ces derniers. Cette accusation paraît pour le moins fantaisiste, étant donné que les cadres ne travaillent pas au ministère de l’administration territoriale, et ne feraient partie d’aucun conseil coutumier. Les cadres suspectés, seraient-ils aussi puissants pour dicter la marche à suivre au président de la République et au ministre de l’administration territoriale dans le processus de désignation d’un chef traditionnel ? Aux dernières nouvelles, les contestataires prévoient une marche demain vendredi à Kovié pour dénoncer le décret présidentiel.
Affaire à suivre.
LA SYMPHONIE N°80 DU 30 JUIN 2016