Le rapport de l’Examen des Politiques de Transformation Economiques (EPTE) du Togo a été officiellement lancé ce 9 avril 2025 à Lomé par le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé. Le document élaboré par l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), analyse les réalisations et défis du pays en matière de développement, et formule des recommandations susceptibles d’accélérer l’atteinte des objectifs de développement économique.
Les examens des politiques de transformation économiques (EPTE) sont un outil d’évaluation et d’orientation des politiques publiques de l’OCDE visant à aider les décideurs à élaborer, mettre en œuvre et améliorer leurs stratégies de transformation économique.
L’EPTE du Togo est le deuxième réalisé en Afrique et dans un pays moins avancé (PMA). Ce rapport fait ressortir les opportunités de l’économie togolaise dans divers secteurs. Selon le document, le Togo a été l’une des économies à la croissance la plus rapide en Afrique au cours des 15 dernières années. Le pays a enregistré une croissance annuelle moyenne du PIB supérieure à 5.5 % entre 2009 et 2022, dépassant largement la moyenne de l’Afrique subsaharienne, qui est de 2.8 % pour la même période.
« Au cours des deux dernières décennies, le Togo, petit pays moins avancé (PMA) d’Afrique de l’Ouest, a progressé sur la voie du développement et fait preuve de résilience. Une croissance économique soutenue a permis de réduire la pauvreté et d’améliorer la réponse aux besoins de base, malgré les conséquences de la pandémie de COVID-19. Si l’économie reste ancrée dans l’agriculture, de nouvelles activités industrielles et de services émergent. Des investissements stratégiques dans les infrastructures portuaires du pays ont renforcé sa position de corridor commercial de l’Afrique de l’Ouest », souligne le document.
Il relève cependant des défis persistent qui entravent la poursuite des progrès, dont la diversification limitée de la production et du commerce, et les faibles niveaux de productivité. Ils sont exacerbés par les risques d’insécurité régionale et le changement climatique qui font planer l’incertitude sur la trajectoire économique future du Togo.
Les cinq actions essentielles proposées
Ce rapport propose plusieurs actions stratégiques regroupées en 05 « clés » pour relever les défis soulevés, en vue d’accélérer les progrès et garantir un développement inclusif et durable.
D’abord, il s’agit de donner la priorité à un développement inclusif et local. Les experts de l’OCDE estiment que pour atteindre ses objectifs en la matière, le Togo doit continuer à moderniser l’État en renforçant les capacités de planification, de gestion et de mise en œuvre dans tous les ministères et à tous les niveaux du gouvernement ; encourager le développement des infrastructures dans les zones rurales ; et améliorer sa capacité à favoriser l’inclusion des jeunes ainsi que l’engagement des communautés locales.
Il est ensuite recommandé au Togo de diversifier et d’améliorer la production nationale, en attirant davantage d’investissements étrangers (IDE) (dont le stock a augmenté depuis 2000 mais reste inférieur à la moyenne africaine) notamment dans les secteurs d’avenir, et en diversifiant leur provenance.
Le Togo est par ailleurs appelé à investir dans l’innovation pour accroître la productivité. Ceci parce que la stratégie nationale (Feuille de route Togo 2025) n’alloue que 0.1 % des investissements à l’innovation. Le Togo doit renforcer ses politiques d’innovation par le biais de services de vulgarisation modernisés, de partenariats internationaux ciblés et d’un fonds national d’innovation dédié.
Il faudra en outre capitaliser sur la numérisation et la création de start-ups. Les technologies numériques peuvent stimuler la productivité, accroître la capacité de gestion des risques et améliorer la transparence, la responsabilité et l’efficacité du gouvernement. La scène naissante des start-ups togolaises doit être soutenue pour donner naissance à un écosystème efficace.
Enfin, le rapport recommande de renforcer les partenariats internationaux et continentaux.
« Pour tirer le meilleur parti de la ZLECAf, le Togo doit adopter une stratégie ciblée, en misant sur le port de Lomé comme atout continental. En tant que petite économie, le pays court le risque d’être marginalisé dans les grands plans d’investissement et partenariats internationaux : un programme de diplomatie économique bien conçu est donc nécessaire pour que le Togo reste une priorité des partenaires internationaux, et favoriser une meilleure coordination entre eux », lit-on dans le document qui explique que « ces partenaires sont essentiels pour l’investissement, le partage du savoir-faire et des technologies, ainsi que pour les partenariats industriels visant à co-créer des capacités locales ».
Il faut préciser que le rapport a été réalisé à la demande du Premier ministre du Togo et a bénéficié de la coopération d’ONU commerce et développement (CNUCED), de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) et du Centre du Commerce International (CCI).
En remettant le rapport au Premier ministre, la directrice du Centre de développement de l’OCDE Mme Ragnheiour Elin Arnadottir a réitéré l’engagement de son organisation à soutenir la mise en œuvre réussie de l’EPTE, un processus qui pose les bases solides de la consolidation de la croissance économique du Togo.
David S.