Le nouveau rapport de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) publié le 23 Septembre dernier estime que 88,6 milliards de dollars par an quittent le continent africain sous forme de fuite illicite de capitaux.
Corruption, contrebande, fraude fiscale, la fuite des capitaux constitue toujours donc un fléau pour les économies du continent africain.
Les flux financiers illicites (échanges transfrontaliers de valeur, monétaire ou autre, qui est illégalement perçue, transférée ou employée) coûtent par an aux pays africains bien plus que l’aide publique au développement que le continent reçoit chaque année.
La CNUCED précise que les 88,6 milliards sont une estimation plutôt basse puisque les fuites illicites de capitaux sont des pratiques illégales.
Plusieurs canaux sont empruntés par cette évasion d’argent. Au rang de ces canaux, précise la Cnuced, il y a le secteur de l’or qui représente à lui seul les deux tiers des détournements. A cela s’ajoute la contrebande, la sous facturation des exportations.
Le rapport note dans ce sens que certaines multinationales s’arrangent pour profiter des dispositions fiscales avantageuses dans certains pays pour y déclarer leurs bénéfices, au détriment des pays où ils exercent leur activité.
L’une des conclusions essentielles du rapport est que les pays développés et les pays en développement partagent la responsabilité des Flux financiers illicites (FFI), ce sujet étant au cœur du multilatéralisme.
Ces flux constituent bien évidemment un obstacle important au développement économique de l’Afrique et doivent être combattus, selon la Conférence.
« Les flux financiers illicites privent le trésor public des ressources nécessaires au financement des dépenses de développement. Les conclusions du rapport confirment que ces flux financiers sont considérables en Afrique et ne cessent de croître avec le temps. Réduire les flux financiers illicites est donc un moyen de doter les pays africains de fonds supplémentaires pour exécuter l’Agenda 2063 et atteindre les objectifs de développement durable », souligne le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi.
Le rapport propose à cet effet un plan de lutte contre les FFI en Afrique en dix (10) points notamment : associer les FFI et l’éthique, protéger la société civile, les dénonciateurs d’abus et les journalistes, consacrer davantage de ressources au recouvrement des avoirs volés, renforcer la participation de l’Afrique à la réforme de la fiscalité internationale, intensifier la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent.
Autres points évoqués, le renforcement des cadres réglementaires nationaux, redonner confiance dans le multilatéralisme pour combattre les FFI, investir dans les infrastructures de données et dans la transparence, associer les entreprises multinationales à la fiscalité et au développement durable, et investir dans la recherche sur les FFI et les changements climatiques
« La réduction des FFI pourrait contribuer à améliorer les perspectives de développement environnemental, social et économique en Afrique », conclut le document.
David S.