La fistule obstétricale, une atteinte à la dignité des femmes !

La fistule obstétricale, est un mal qui peut être totalement évité et, dans bien des cas, traité.  Elle désigne une lésion provoquée par l’accouchement et survient en cas de dystocie, après un accouchement long et difficile et résulte généralement d’un travail prolongé de plusieurs jours et difficile, sans intervention obstétricale (césarienne) pratiquée en temps voulu. La femme victime d’une fistule obstétricale n’a plus de contrôle sur la sortie de ses urines.

Elle est souvent mouillée et dégage en permanence une odeur d’urine. Elle est de ce fait souvent marginalisée par les membres de sa communauté et parfois renvoyée par son conjoint. Pour celles qui en sont victimes, cette maladie est vécue comme un drame car elle conduit souvent à l’isolement social des femmes atteintes.

Il existe dans le monde, trois principaux types de fistule obstétricale que sont les fistules vésico-vaginales, les fistules recto-vaginales et les fistules vésico-recto-vaginales. Il s’agit d’une communication anormale entre la vessie et le vagin ou entre le rectum et le vagin et  apparaît dans la première semaine suivant un accouchement dystocique. Le fœtus exerce alors une pression excessive sur les organes internes (vagin, vessie, rectum) et endommage les tissus de la femme. Dans la plupart des cas, le bébé meurt. La femme souffre d’incontinence sévère qui conduit à des ulcères, des infections et parfois même à la mort.

Les fistules les plus couramment rencontrées sont les fistules vésico-vaginales qui consistent en une brèche par laquelle les urines et parfois les matières fécales s’écoulent en permanence vers le vagin, sans possibilité de contrôle. Selon le Fonds des Nations Unies pour la population, la fistule obstétricale affecte presque exclusivement les femmes et les filles les plus pauvres, les plus vulnérables et les plus marginalisées. Elle frappe celles qui n’ont pas accès aux soins de santé maternelle de haute qualité, délivrés en temps utile et capables de sauver leur vie, dont elles ont si désespérément besoin et qu’elles méritent, et c’est leur droit humain fondamental.

Selon les statistiques internationales, chaque année dans le monde, de 50 000 à 100 000 femmes présentent une fistule obstétricale. En Afrique et en Asie, plus de 2 millions de jeunes femmes vivent avec des fistules obstétricales non traitées. A l’échelle nationale, le gouvernement togolais a inscrit la lutte contre la fistule obstétricale dans le plan stratégique national de santé dont l’objectif principal est de réduire de 50% la prévalence et les conséquences de la fistule d’ici  2017. La prévalence de la maladie est estimée à 0,03%, selon la 4ème enquête MICS réalisée en 2010, avec 150 à 200 nouveaux cas par an. Une situation inquiétante pour les autorités qui organisent la riposte autour de trois axes à savoir la prévention, le traitement et la réinsertion socio-économique pour ces femmes qui, il faut le dire, ont trop souffert d’oppression.Les actions nationales menées en 2012, 2013 et 2014 dans le cadre de la Campagne pour l’accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA) ont permis à plus de 300 femmes de guérir après des années de souffrance. Entre Juin et Décembre 2015, une nouvelle campagne de réparation des fistules obstétricales a été également organisée dans la région centrale par le ministère de la santé avec l’appui des partenaires techniques et financiers, ce qui a permis de soulager quelques 100 femmes victimes.

« 20 à 30 femmes sur 100 accouchements survivent avec des séquelles dont l’une des plus graves est la fistule obstétricale. Et depuis 2011, la lutte contre la fistule obstétricale au Togo a permis de sensibiliser la population sur cette maladie et de réparer 400 femmes dont 330 sont totalement guéries et bénéficient d’un appui technique et financier pour leur réinsertion socioéconomique », a rappelé la Ministre Tchabinandi KOLANI YENTCHARE en charge de la promotion de la femme le 31 juillet dernier à l’occasion de la célébration de l’édition 2016 de la journée de la femme africaine.

« Eliminer les fistules en l’espace d’une génération », tel a été le thème retenu cette année pour la célébration le 23 Mai de la Journée internationale de l’élimination de la fistule obstétricale. Un appel selon l’UNFPA à faire de la lutte contre les fistules, une priorité. « De même que nous parlons d’éliminer la polio, le VIH/sida, la mutilation génitale féminine et tant d’autres formes de souffrance, de même nous devons nous engager à accentuer nos efforts pour éliminer les fistules, une fois pour toutes. Cela signifie écouter l’appel du Programme de développement durable à l’horizon 2030 à ne laisser personne en arrière, en particulier les plus délaissées, invisibles et sans pouvoir, notamment les femmes et les filles atteintes d’une fistule », a recommandé dans une déclaration, le Dr. Babatunde OSOTIMEHIN, Secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations Unies et Directeur exécutif de l’UNFPA.

David SOKLOU

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