Le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest au Togo (PPAAO-Togo) a pour objectif de générer et d’accélérer l’adoption de technologies améliorées dans les principaux domaines agricoles prioritaires des pays impliqués dans ce programme. Il vise également à fournir, aux producteurs, des technologies pour accroître et améliorer la compétitivité des principales spéculations dans chaque pays bénéficiaire. Que retenir des acquis de ce grand programme qui a pris fin au Togo le 31 Décembre 2019 ? Dans une interview, le Ministre de l’Agriculture, de la production animale et halieutique, Koutéra BATAKA dresse le bilan du PPAAO et son impact dans la transformation de l’agriculture togolaise.
Question : Le PPAAO-Togo aura-t-il balisé la voie à la transformation de l’agriculture togolaise ?
Noël Koutéra BATAKA : Un programme de recherche c’est un programme qui est appelé à travailler dans la durée. Lorsque le Togo pays du groupe C, qui montait le programme en 2009 venait à entrer dans ce financement, on était convenu que le programme devait prendre au moins 10 sinon 15 ans.
Le Togo venait de très loin. On n’avait pas d’entreprises semencières. On avait que très peu de semences. Aujourd’hui, grâce au PPAO, on un début de développement d’entreprises semencières. Certes, c’est un peu disparate. C’est sur l’ensemble du territoire mais vue d’où le Togo venait, on n’avait pas le choix que d’essayer d’apporter des solutions sur l’ensemble du territoire.
Le PPAAO qui a commencé en 2011, et qui a connu une phase d’expansion en 2016, aujourd’hui au Togo, est matérialisé par l’existence de filière semencière. A partir de 2009, on avait moins de 500 tonnes de semences. Aujourd’hui, on est à plus de 2500 tonnes de semences.
Le PPAAO est marqué par l’augmentation du nombre de chercheurs ayant le Doctorat au niveau de l’Institut togolais de recherche agronomique (ITRA). Le PPAAO est caractérisé par le hall Technologique à l’école d’agronomie. Le PPAAO est caractérisé par de multitudes de technologies qui sont mis à la disposition des agriculteurs, mais le PPAAO est aussi caractérisé par des innovateurs soutenus tel que LOGOU qui aujourd’hui, a mis au point le mini-tracteur togolais, tel que GUEMA qui a mis en place la décortiqueuse de sésame et un certain nombre d’équipements et technologies mis en place et développés par des togolais au-delà des unités de recherche.
Le PPAAO, c’est aussi la mise en place d’un cadre réglementaire pour des réformes dans les filières semencières, des engrais, mais aussi le développement d’un certain nombre de dispositifs de contrôle pour la qualité de ces intrants-là sur l’ensemble du territoire.
Si vous allez voir M. LARE qui élève les pintades à Dapaong, qui grâce au soutien de PPAAO, il part d’une cinquantaine (50) de pintade qu’il vend par an, à aujourd’hui près de 400 pintades qu’il est capable de livrer, c’est des revenus de M. LARE qui sont augmentés.
Si vous allez voir la femme étuveuse de riz d’Anié, qui aujourd’hui grâce au PPAAO, elle est capable de mettre sur le marché plusieurs dizaines de kilo de riz étuvé alors qu’elle n’était capable de mettre qu’une dizaine de kilo, vous verrez que les revenus de cette dame à Anié ont augmentés.
Si vous voyez aujourd’hui LOGOU entrain de mettre sur le terrain ses mini-tracteurs capables d’être développés à échelle, c’est la capacité de cet innovateur qui est améliorée. Vous allez aussi voir ces femmes, qui pendant qu’elles devraient à la fois s’occuper de l’installation des cultures, aujourd’hui avec la décortiqueuse de sésame, elles n’ont même plus le temps de rester à côté de la machine. Il suffit seulement qu’elles le mettent dans la machine et la machine décortique, lave et extrait la graine de sésame. Elles n’auront qu’à aller juste vanner. C’est le temps de travail, c’est la productivité de cette culture qui est améliorée, c’est les revenus de ces agriculteurs et le temps qui est gagné par ces femmes et la réduction de la pénibilité de ce travail-là qui est aussi obtenue grâce à ces technologies mises en place par le PPAAO.
Vous allez aujourd’hui à Kolokopé, vous avez une moissonneuse et enseigneuse qui permettent de produire du foin pour augmenter la production des géniteurs. Aujourd’hui, on développe des élevages dans les milieux ruraux grâce aux noyaux de géniteurs fournis par le PPAAO.
Vous allez voir le président de la coopérative des éleveurs à Gléi, qui grâce aux noyaux et à l’accompagnement de PPAAO, gagne plus de 4millions par an grâce à son élevage, comme aussi mon ami à Anié qui gagne 7 millions sur son élevage de mouton par an. Ça c’est des conditions, c’est des revenus, c’est du concret, c’est du palpable dans la vie de nos producteurs et de nos productrices.
Nous étions en moins d’une (01) tonne 2 de riz, nous sommes à plus d’une (01) tonne 7 de rendement moyen de riz pluvial aujourd’hui. C’est pareil pour le maïs. Il était attendu globalement l’augmentation de 15 % de productivité, nous en sommes quasiment à près de 17% de la productivité. Si on prend toutes les technologies réunies, on est en même de dire que globalement comme son nom l’indique la productivité est améliorée.
Si je prend le SRI par exemple que le PPAAO a permis de mettre à l’échelle sur un certain nombre de périmètres agricoles, vous verrez que les producteurs ont doublé leurs rendements par rapport aux rendements anciens qu’ils avaient grâce à cette technologie diffusée.
Si vous allez aussi au niveau d’ITRA qui aujourd’hui pour la première fois a participé au conseil du CAMÉS, vous verrez qu’au niveau institutionnel, le PPAAO a impacté, a mis sur les rampes un certain nombre de dispositif de recherche et de formation supérieure.
La particularité du PPAAO, c’est d’avoir travaillé sur le cadre institutionnel. Et aujourd’hui grâce à la réforme sur les engrais, les semences et les pesticides, le cadre institutionnel existe. Grâce aux formations diplômantes que le PPAAO a soutenues pour un certain nombre de chercheurs, des Docteurs et certains spécialistes avec le Master, sont dans nos institutions de recherche et de vulgarisation. Ils vont continuer l’œuvre pour l’amélioration de la productivité agricole au Togo.
Il y a eu des difficultés certes, qu’il ne faut pas ignorées, qui portent entre autres sur la nécessité d’améliorer la structuration du marché au niveau des filières semencières. Il y a aussi l’inssufisance de ressources qui n’a pas permis d’augmenter le nombre de chercheurs qui devraient être formés pour avoir leur thèse et avoir aussi leur Master.
Il y a aussi des technologies qui n’ont pas été complètement diffusées eu égard aussi au faible niveau de capacité d’un certain nombre de techniciens. Là aussi, ce sont des défis sur lesquels il est nécessaire de poursuivre les investissements pour la complétude de ce programme.
Nous étions à moins de 87% de couverture de notre besoin en denrées alimentaires. Nous sommes aujourd’hui à plus de 113% de notre couverture en besoin alimentaire. Ça, c’est des statistiques officielles qui existent. Le Togo a été distingué en 2013 et en 2015 pour son effort essentiel de réduction de la sous-alimentation par la FAO pour matérialiser et marquer cet exploit qui est fait grâce au Programme National d’investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire (PNIASA) sous le leadership du chef de l’État qui est un visionnaire, qui dès le début, a mis en place des solutions pour permettre au Togo de faire aujourd’hui des avancées remarquables dans le secteur agricole. Mieux, le PPAAO est venu capitaliser sur le plan d’urgence que le chef de l’État son excellence Faure E. Gnassingbé a mis en place dès la crise alimentaire et nutritionnelle que le Togo comme l’ensemble des pays de la planète ont vécu en 2007.
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